Biguine

biguine

Que sait-on exactement de ses origines ?

La biguine est un style musical ainsi qu'une danse, originaire des Antilles Françaises, datant probablement d'avant la fin de la période de l'esclavage. Des écoles de musique des Etats-Unis font remonter sa présence à l’époque de l’émancipation des esclaves en 1848. C'est une musique métisse, qui résulte d'un mélange d'influences africaines et européennes. La biguine émergea aux Antilles, alors le jazz fit son apparition à la Nouvelle-Orléans. Son nom vient d’un mot anglais « begin», signifiant commencer, un terme prononcé par les chefs d’orchestre anglais en début de présentation.

Beaucoup d’historiens, affirment que Saint-Pierre, la capitale de la Martinique, fut le véritable berceau de la biguine. Les fêtes, les bals publics furent des lieux privilégiés d’échanges et de musique ou se côtoyaient les airs, les rythmes, les répertoires.

La formation des groupes jouant ce style présente beaucoup de similitudes avec les orchestres de jazz de la Nouvelle Orléans. A l’origine, la biguine était jouée par des musiciens noirs regroupant une flûte, un violon, une clarinette, une guitare, un banjo, un saxophone, une trompette et une batterie. D’ailleurs, des improvisations comme dans le cas du jazz de la Nouvelle Orléans peuvent s’entendre dans différents morceaux de biguine.

Les œuvres exécutées et entendues sont tirées de la musique lyrique, de la musique de chambre, des sonates, des airs d’opéra, des kalendas mais aussi des airs rythmés repris par toute la populace, en particulier par des hommes dits de couleur libres et les esclaves domestiques.

Les musiques des esclaves se regroupent sous l’appellation de kalenda et, malgré les efforts de la classe dominante, un certain nombre d’esclaves passe outre les interdictions et continuent à célébrer leurs rites, chants et danses ancestraux.

Imprégnés toutefois de cette ambiance culturelle française, ils sont pratiquants d‘instruments divers et sont également influencés par les airs venant d’Occident mais aussi par ceux amenés par les corsaires, les flibustiers américains qui apportent des airs et des expressions nouvelles.

L’occupation de l’île de la Martinique par les Anglais transforme les œuvres musicales du répertoire « menuet Congo » en « béguin » des Anglais. Ceux-ci prononcent biguine. C’est dans ce contexte et du mélange des genres que naît la biguine.

Le terme biguine apparaît dans un exemplaire de septembre 1893 de la Revue des deux mondes, qui relate un récit de voyage d'un journaliste-chroniqueur à la Martinique. Le terme employé était béguine et non biguine.

Son développement

D'emblée l’information recueillie sur le net associe la biguine au jazz, en indiquant notamment : « La biguine possède de nombreux liens avec le jazz de la Nouvelle-Orléans et a pu influencer son développement ».  Ceci explique qu'à leur arrivée à Paris, de nombreux musiciens antillais tels Ernest Léardée, Robert Mavounzy,Al Lirvat, Emilien Antile ont intégré sans la moindre difficulté le jazz à leur répertoire, musique jouée au même titre que la biguine dans les "bals Nègres" de l'époque. À l'inverse, le clarinettiste martiniquais Alexandre Stellio (1885-1939), qui popularisa la biguine à Paris de 1929 à 1939, fut un farouche défenseur de la pure biguine traditionnelle telle qu'on la jouait à Saint-Pierre et resta un inconditionnel de ce répertoire.

Il semble que, par manque de reconnaissance aux Antilles, cette musique s’exporta rapidement avec le départ vers la France de nombreux musiciens. Là, elle rencontra un certain succès, notamment lors de l’exposition coloniale de 1931 au cours de laquelle l’ensemble d’Alexandre STELLIO opéra en grande formation en présence du président de la République de l’époque, Albert LEBRUN. L’exposition coloniale ferma ses portes le 15 novembre 1931, mais son impact restera longtemps perceptible pour les Antillais. Tout-Paris en effet était intéressé par l’écho du Bal Nègre.. La biguine suscita un grand engouement en France entre les années 1930 et 40.

Cependant aux Antilles où elle se maintenait, sa popularité subit le contrecoup des autres rythmes de la Caraïbe comme la salsa, le calypso, le compas haïtien, le mambo, la rumba...

Durant cette époque il faut aussi noter la présence de nombreux musiciens noirs américains venus en France dans le contexte de la guerre 1914-1918, et appréciés des parisiens et des parisiennes surtout, et peu réceptifs à un retour rapide aux USA.

La pratique des instruments de musique en compagnie des Antillais porte encore plus haut les offres musicales parisiennes et les animations nocturnes. Ce foisonnement, ces fusions d’expériences et de rythmes contribuèrent à enrichir fortement les expressions musicales et favorisèrent les rencontres entre les pratiques de jazz et de biguine. Il faut donc considérer que les succès parisiens ont très fortement influencé le développement de la biguine.

Dans le sillage du bal Blomet, de nombreux cabarets et autres lieux musicaux virent le jour : La Jungle, La Boule blanche, Les Antilles, La Madinina biguine, Le Pélican, Le Train bleu, L’Élan noir.

Évolution de style:

Après la première guerre mondiale, les antillais jouaient la biguine dans les meilleurs clubs de Paris. Elle s’est ensuite diversifiée, surtout avec le compositeur guadeloupéen Al Lirvat, et c’est ainsi que seraient nés la biguine wabap, le kalengué, et la biguine kombass.

Vers la fin des années quarante, avec la venue du trompettiste américain DIZZI DILLESPIE, Al LIRVAT se laisse influencer par son style " be-bop " et delà, il  développe   la " Biguine Wabap " ! c'est a dire une modification fondamentale du traitement de la biguine.
Celle-ci repose sur l'harmonie consonante et la monorythmie.
La Biguine Wabap utilise l'harmonie dissonante et la polyrythmie.

On aurait pu craindre le déclin de la biguine avec l’avènement de la Seconde Guerre mondiale, il n’en fut rien et même si elle fut quelque peu mise entre parenthèses au profit du jazz, elle revint en force dès la libération de Paris avec l’arrivée sur le sol français de nouveaux musiciens en provenance des Antilles.

Les incidences de la guerre 1939 /1945 sont visibles sur l’activité musicale, car les années de guerre furent des années où l’activité musicale retomba fortement.

La danse :

La Biguine est à la fois une musique traditionnelle et une danse. Elle se danse à deux : la femme, dans sa robe doudou, danse d’une manière tonique et lascive avec son partenaire tiré à quatre épingles. La Biguine à deux temps est un dérivé syncopé de la polka, la valse créole ( emphatique et langoureuse).  Il n’est pas étonnant de retrouver quelques similarités entre la Biguine et d’autres genres musicaux d’origine africaine, plus précisément importés par les esclaves déportés d’Afrique. La biguine s’est constituée, entre autres, autour du mélange du Gwoka, du bèlè et des danses Kalenda qui se retrouvent dans la base de la danse biguine. La biguine animait déjà les bals et les soirées au début du XIXè siècle. Elle constituait le rythme des carnavals de Saint-Pierre. C’est en 1906 que la Biguine a réellement commencé à gagner en notoriété, grâce à Léon Apanon alias Ti Laza, clarinettiste martiniquais, installé à Fort-de-France.

Pour préserver la biguine et les danses locales, des Ballets folkloriques Martiniquais et Guadeloupéen se créent pour la transmission et la diffusion de cette danse.

Quelques acteurs cultes de la Biguine:

Martinique:

Alexandre STELLIO qui de retour de Guyane donna à la biguine jouée à la clarinette le faste et la notoriété quelle connaissait avant la catastrophe.

Léona GABRIELLE, Léon APANON, Ernest LÉARDÉ, Sam CASTANDET, Honoré COPPET,  FRANCISCO, Anderson BAGOÉE, Loulou BOISLAVILLE, Barrel COPPET, Fernand DONATIEN, Claude CONFIANT, Vincent OZIER-LAFONTAINE, Faisalles VAINDUC, Marius Cultier, Gertrude Senin, Gisele Baka.

Groupes:

Les grands orchestres martiniquais Blue Star, Blue Moon, Swinkings harmonie, King Caribana, l'orchestre Stardust de Fernand DONATIEN, Malavoi.

Guadeloupe :

AL Lirvat, Camille Sopran'n, Justin Angel, Moune de Rivel, Fernande de Rivel, Roger Fanfant, Henri Debs, Emilien Antile, Gerard Laviny, Manuela Pioche, Robert Mavounzy, orchestre Jeunesse

Le premier disque antillais fut enregistré en 1929 par Ernest LÉARDÉ,  mais 1931 fut une année charnière et fut l’occasion des premiers enregistrements des musiques de nos pays. 1400 titres furent enregistrés en 78 tours en France entre 1929 et 1956 par les musiciens antillais.

Quelques titres de l'époque :

Dès 1900 on peut entendre des titres que se sont appropriés certains auteurs contemporains, c’est le cas de : Papa Lago, Pani passé Lan main oswèa.

Avion en rivé,  mwen bizioin en dictionè anglé : ce dernier titre est tiré du contexte de la Dissidence au début du siècle.

Serpent Meg de Stellio, Tchè mwen ba mwen Ninon, et La Fête Gondeau de Léona GABRIELLE, Sin Piè té ni an régina, Vini wè kouli a, A si paré Léona, La montagne est verte (Schœlcher), Grâce à Schœlcher ;

Gran la divinité composé après l’insurrection du sud ;

La défense ka vini fol dans le contexte d’élections (duel entre Marius HURARD et le docteur LOTTA) ;

Éti Tintin, chanson satirique illustrant la défaite du candidat Célestin qui fut la risée de la ville après une défaite électorale, et qui s’enfuit en se cachant dans les champs de canne ;

La comète, en illustration de l'apparition en 1901d’une comète à Saint-Pierre ;

La rue des bons enfants (rue de Saint-Pierre fréquentée par une faune humaine inimaginable en recherche de plaisirs) ;

Bo fè a, toujours composé dans un contexte de lutte politique ;

Régina coco, L’estomac en bavaroise, Marie-Clémence, Bossu a bossu co ou, Mwen descenn Saint-Piè, L’échelle poule, Grand tomobil, La po fromage, Yaya mwen ni lagen, Charlotte bossa coco, Agoulou pa kalé djolou.

References :

Christian BOUTANT
Jean-Pierre Meunier
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